L’éducation prioritaire à la loupe

Il n’est pas facile de procéder à l’évaluation de l’éducation prioritaire. Celle-ci est en effet rendue difficile par plusieurs problèmes, d’abord par la variabilité des dispositifs (ZEP, RAR, RRS, CLAIR, ECLAIR, REP+…), peu propices à un suivi, et souvent flous, avec des moyens qui ne suivent pas toujours. Puis, comme dans toute évaluation, comparer les résultats des élèves de l’éducation prioritaire à ce qu’ils auraient été sans les dispositifs successifs supposés avoir été mis en place est difficile, et ne peut se faire qu’aux prix de certaines hypothèses plus ou moins convaincantes. Ensuite, le fait même de labelliser un établissement relevant de l’éducation prioritaire est susceptible d’avoir des effets sur sa composition. Face au stigmate « éducation prioritaire », les familles les plus favorisées mettraient ainsi en place des stratégies d’évitement. De même le corps professoral est susceptible d’évoluer, notamment au profit des professeurs les moins expérimentés. C’est ce qui explique les politiques visant à limiter le turnover des équipes par des actions sur les primes et la bonification de points (pour une future mutation). Les différentes études quantitatives qui ont essayé de contourner ces différents problèmes concluent au mieux à un effet moyen nul sur les résultats scolaires et l’orientation des élèves. Le bilan est sans doute nuancé, du côté des résultats des élèves comme du climat scolaire, les établissements les plus ségrégués offrant moins d’opportunités d’apprentissage, avec une réduction des attentes des enseignants, et des résultats qui sont identifiés depuis longtemps : « On s’aperçoit alors qu’un enfant d’ouvrier en ZEP obtient un score inférieur à un enfant d’ouvrier hors ZEP. Ce constat montre que la concentration de publics « défavorisés » diminue encore leurs chances de réussite. Il s’agit là de l’effet « ghetto » que tout un chacun pressent. En effet, si la carte des ZEP mérite des ajustements à la marge, elle recouvre bien, en majorité, des lieux où se concentrent les difficultés.» (Rapport Simon-Moisan 1997). Bref, ces zones d’éducation prioritaire ne sont en aucun cas une panacée.